A la fin du XIIeme siècle, la France et le Languedoc n'étaient pas encore réunis et leurs différences étaient grandes. Les Seigneurs du Nord avaient placé les Pays du Nord de la Loire sous le régime de la féodalité la plus rude, alors que les seigneurs du sud ouvraient leurs esprits et les portes de leurs châteaux aux troubadours plus qu'aux joutes guerrières. Les troubadours étaient les vecteurs de communication des idées nouvelles et novatrices qui ne manquaient pas de sensibiliser les esprits de ces femmes et de ces hommes ouverts à la réflexion.
C'est ainsi que la doctrine Cathare trouva de nombreux adeptes. Le Catharisme s'imposa d'autant plus facilement que l'Eglise catholique Romaine ne présentait pas aux yeux de ses adeptes l'images qu'elle prônait le Dimanche lors des messes. Les Seigneurs du Midi, en encourageant le Catharisme, sans pour autant, dans certain cas, adopter la foi Cathare, luttaient ainsi contre un clergé indépendant.
Cette politique fut celle des Trencavel, les vicomtes de Carcassonne.
La racine grec du nom Cathares signifie " pur ". Actuellement, les plus grands spécialistes de l'étude Cathares s'accordent à dire que les principes de cette religion sont antérieurs à celle du Manichéisme prêché par Manès.
Plus que le Manichéisme, le gnosticisme semble être la vraie racine du Catharisme. Bien avant Manès, les gnostistes défendaient l'idée d'opposition entre les deux principes du Mal et du Bien. Ils soutenaient que l'âme, image de Dieu, était emprisonnée du corps créé par le Mal.
Ces mêmes théories se retrouvent dans les bases mêmes du Christianisme primitif, il est donc probable que le Catharisme y puise ses racines profondes. Le Catharisme s'est implanté à travers l'Europe en Italie du Nord et en Bulgarie. C'est en effet en Bulgarie que nous retrouvons les traces les plus anciennes du Catharisme.Un pope du nom de Bogomile prêchait des théories dualistes en 950. Ses prêches connurent un fort succès puisque la philosophie qu'il prêchait devint le Bogomilisme, Catharisme primitif Sa philosophie s'étendit à la Macédoine, au Péloponnèse, en Turquie et en Bosnie.
En 1180, le Bogomilisme ou Catharisme devint la religion d'état de Bosnie. Les adeptes Cathares appelés Parfaits se nommaient entre eux "Bons Hommes", "Bons Chrétiens" ou "Amis de Dieu". Ils eurent une influence considérable sur les esprits. Ils recrutaient parmi les nobles, les bourgeois et les marchands. Les femmes étaient sensibles aux messages d'Amour du Catharisme. Ils allaient de ville en ville et de château en château vêtus de bure noire, ceinturés d'une corde blanche et portant l'Evangile de Saint-Jean qu'ils avaient traduit dans le langage commun permettant ainsi, de le mettre à la portée de tous. Ils parcouraient les campagnes deux par deux et répandaient la bonne parole.
Finalement en 1167 un concile Cathare se tint à Saint-Félix-de-Carman, près de Toulouse, scellant l'existence d'une véritable Eglise Cathare.
Les Cathares se proclamaient Chrétiens mais rejetaient en bloc l'Ancien Testament ainsi que les rites de l'Eglise Catholique. L'Eglise Cathare pratiquait un seul et unique sacrement le " Consolament ". Ce sacrement n'était donné qu'avec prudence et parcimonie. Il impliquait que le récipiendaire de ce sacrement vive dans une foi Cathare complète. C'est pour cela que le Consolament n'était donné qu'au porte de la mort ou après un engagement certain et sincère.
Devant le risque que représentait cette philosophie le Pape Innocent III encouragea le futur Saint-Dominique à mettre son ordre au service de l'Eglise Catholique pour lutter contre l'Hérésie Cathare.
Raymond VI Comtes de Toulouse refusant les admonestations du Pape fut excommunié. Afin de préparer la lutte contre l'Hérésie, Innocent III envoya en Languedoc plusieurs de ses prélats. L'un d'eux, Pierre de Castelnaud, fut assassiné. Cet acte qui ne peut être mis au profit des Cathares, décida le Pape en 1208 de faire appel au Roi de France, Philippe Auguste pour lancer ce que l'Histoire allait retenir sous le nom de "Croisade des Albigeois".
Simon de Montfort fut élu chef de la Croisade le 15 août 1209, à Carcassonne, par un collège de deux évêques et quatre chevaliers présidé par le légat du pape Innocent III, Arnaud-Amaury, abbé de Cîteaux.
L'armée de l'abbé Arnaud-Amaury prit la ville de Béziers. Il décida de massacrer tous les Cathares de la ville ; L'un de ses capitaines lui demanda : " Mais, monseigneur, comment allons nous reconnaître les vrais Chrétiens des Cathares ? " et Arnaud-Amaury répondit : " Et bien ; Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ".
a légende rapporte que le massacre fut tel que le sang coulait en " ruisseau " dans les rues de la ville. Béziers a marqué les esprits mais bien d'autres horreurs furent commises au nom de l'évangélisation des Cathares.
La croisade des Albigeois devint une guerre de conquête au profit du Roi de France qui pouvait enfin imposer son pouvoir dans cette riche région. Simon de Montfort pris place forte sur place forte en démantelant certaines. Malgré la vaillance de la résistance Catharo-Occitane, Simon de Montfort, petit Seigneur d'Ile de France fut investi en 1215 du titre de comte de Toulouse.
C'est en 1226 que le Roi Louis VIII déclencha une seconde croisade qui eut pour effet en 1229 l'annexion de la vicomté de Béziers, Carcassonne, Albi et Razès, qui devint la sénéchaussée royale de Carcassonne, et l'annexion des domaines bas-languedociens du comte de Toulouse, qui formèrent la sénéchaussée royale de Beaucaire et de Nîmes. Réduit au haut Languedoc (pays toulousain) le comté de Toulouse resta domaine du comte occitan Raymond VII, jusqu'a sa mort en 1249. Le comté passa alors à son gendre Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX. Il ne revint au roi qu'à la mort d'Alphonse en 1270
Bien que soumise la Terre Occitane gardait sa foi, discrètement encouragé par le Comte de Toulouse.
L'inquisition issue de la volonté du Saint-Siège, qui en définit seul le principe, et elle fut confiée par lui aux Dominicains de Toulouse, mis tout en oeuvre pour "extirper" la foi Cathare du Pays.
Pourchassés à travers tout le pays, les derniers Cathares trouvèrent refuge dans les citadelles du vertige et dans les montagnes escarpées de la haute vallée de l'Aude et de l'Ariège. A partir de là, les sièges des forteresses se firent de plus en plus nombreux. Elles tombèrent les unes après les autres.
A Lavaur en mai 1211 furent brûlés 400 cathares.
A Montségur le 16 mars 1244 près de 224 Cathares furent brûlés, 21 ayant reçu le Consolament 3 jours avant leurs exécutions.
La dernière forteresse tomba en 1255, c'était Quéribus. L'inquisition estima son travail terminé en 1321.
Ces croisades ne détruisirent pas totalement le catharisme : Au siècle dernier, un certain Ferrocas vivait encore selon la règle des Parfaits près du village de Montségur...
Certes, nous nous souvenons que la religion Cathare, celle des Bons Chrétiens, s'est implantée en Occitanie. Mais il faut savoir que des Bons-Chrétiens ont été également persécutés et massacrés au XIeme et XIIeme Siècle dans toute l'Europe occidentale.
On notera par exemple en France à Orléans, Tours, Angers, Vézelay, mais aussi à Besançon et Cambrai, même Paris brûla "ses" Cathares.